Je suis dans le silence de ma maison. Ce silence qui rime avec le minuscule vrombissement du réfrigérateur. Le silence qui rend perceptible le sifflement aigu des ampoules du luminaire qui me surplombe. La maison est calme, vide et étrangement réconfortante. Je ne ferai rien pour fuir ce silence et ce clame. Je les ai cherchés, souhaités. Maintenant, je savoure.
Dehors, c’est une journée de pluie qui dissuade toutes tentatives de s’éparpiller dans de vaines courses. Je suis donc là, à habiter ce calme fait d’un peu d’ennui. Je me rappelle ces longs moments d’inactivités de mon enfance où l’ennui faisait place à la rêverie. Réflexions à la fois futiles et nécessaires qui permettaient d’explorer les limites de mon raisonnement. Ou commence le ciel? Est-ce possible de le toucher avec ses pieds lorsqu’on se balance très haut? Comment fait-on pour le changer de couleur si les humains ne peuvent pas l’atteindre? En fait, j’ai eu la chance de pouvoir explorer des questionnements dont je ne trouvais pas la réponse, de construire ma conception du monde, de nourrir mon monologue intérieur.
Et là, devant cet ordinateur, je reviens 30 ans en arrière, à l’époque ou le temps prenait son temps. Le temps où les minutes s’égrenaient sans que rien ne se passe. Et cela était bon. C’était le temps de la création de mon monde. Habitée par des milliers de nécessités depuis longtemps, je redécouvre l’importance de m’affranchir de leur emprise. Choisir parfois d’aller nulle part. En tout cas, en aucun lieu désigné d’avance. Mais, il y a toujours un port d’arrivée à mes errances. Le merveilleux, c’est de ne pas savoir auquel j’accosterai.
Comme parent et comme pédagogue, je valorise les moments d’ennui. Même si parfois, je dois résister à l’envie d’organiser le temps de mes enfants. Je sais que ces moments faits de « rien » sont nécessaires à la construction de leur univers intérieur. Et comme adulte, c’est si bon de redécouvrir l’ennui; de se laisser des plages vides pour nourrir son monde intérieur toujours à construire. Oui, c’est dans ces moments que l’on s’entend penser et que l’on tend l’oreille aussi à ce que Dieu a à nous dire.
(Par Myriam Lefebvre)
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